Les souterrains de Lyon : plongez dans les galeries et caves oubliées de la ville
Les souterrains de Lyon ne se limitent pas à ses traboules et passages en surface : sous la ville, s’étend un réseau composé de galeries, caves anciennes et souterrains parfois délaissés. Plongez dans un regard sur les structures les plus connues, les éléments historiques qui leur sont associés ainsi que les sujets actuels qui concernent leur préservation. Récits de passionnés, données explicatives, précisions détaillées et une sélection de sources fournissent des éléments enrichissants sur cet aspect souvent ignoré de Lyon.
Présentation des réseaux souterrains principaux
Le sous-sol lyonnais présente une diversité d’éléments historiques, allant des périodes anciennes jusqu’à des structures plus récentes. Parmi ceux-ci, le réseau des Arêtes de Poisson, situé sous la colline de la Croix-Rousse, a suscité plusieurs recherches, notamment par le service archéologique de la Ville de Lyon dirigé par Emmanuel Bernot.
Les Arêtes de Poisson : origine, structure et hypothèses d’usage
Les Arêtes de Poisson, aussi appelées « réseau des Fantasques » ou « galeries souterraines de la Balme Saint-Clair », forment un ensemble d’environ 1,4 kilomètres de galeries, comprenant 480 mètres de puits, 34 arêtes et 16 puits répartis sous le plateau de la Croix-Rousse. Leur origine exacte fait toujours débat parmi les spécialistes : certains les pensent romaines, d’autres médiévales. Leurs usages probables sont variés : captage d’eau, espace de stockage, ou même fonction défensive dans un contexte historique encore incertain. Plusieurs idées ont été proposées, comme une réutilisation par des groupes religieux comme les Templiers, ou encore une éventuelle fonction stratégique au XVIIe siècle. Des marques inscrites sur la pierre et des salles de petite taille évoquent une certaine organisation autour de la gestion des ressources.
Des travaux au XVIIIe siècle ont permis de découvrir certaines portions de ce réseau, notamment dans le cadre de l’acheminement de l’eau, soulignant leur utilité hydraulique. Les observations de François Artaud ont révélé des chambres souterraines et des réservoirs, éléments qui ont alimenté progressivement notre compréhension de l’aménagement des infrastructures urbaines lyonnaises dans le passé. Aujourd’hui, ces galeries sont interdites au public pour des raisons liées à leur état et à leur conservation.
Autres réseaux notables
À côté des Arêtes de Poisson, d’autres réseaux existent autour de Lyon :
- Galeries sous Fourvière : Ces espaces creusés entre le Moyen Âge et le XIXe siècle ont pu servir à l’approvisionnement en eau, au rangement de biens ou à l’abri temporaire. Ces infrastructures démontrent une certaine continuité dans le savoir-faire des habitants en matière de travaux souterrains.
- Usine des Eaux (Caluire) : Ce site, implanté à partir du XIXe siècle, a permis de fournir Lyon en eau potable jusqu’en 1976. Aujourd’hui, il est accessible à la visite via un programme guidé, et donne une vue intéressante sur le fonctionnement des anciens systèmes hydrauliques découvrir l’usine des eaux de Caluire.
Table comparative des réseaux et galeries
Réseau souterrain | Longueur (m) | Profondeur (m) | Datation | Usage supposé | Accès actuel |
---|---|---|---|---|---|
Arêtes de Poisson | 1 400 | ~20 | Antiquité, adaptations médiévales | Aqueduc, espace de rangement, défense ? | Non accessible |
Galeries sous Fourvière | Variable | Variable | Moyen Âge à XIXe | Eau, caves | Entrées limitées |
Usine des Eaux (Caluire) | Non renseigné | Non renseigné | XIXe–XXe | Réseau d’eau potable | Accessible sur inscription |
Un explorateur témoigne :
Le photographe et explorateur urbain Kévin F. a consacré du temps à l’étude informelle des souterrains de Lyon.
Il considère que « ces galeries ressemblent à un recueil de récits inscrits dans la pierre, chaque structure révélant petit à petit des fragments de passé ».
Son approche mélange recherches historiques, documentation photographique et mise en valeur de ces espaces négligés. Il décrit un environnement souvent difficile à fréquenter, marqué par une forte humidité et des contraintes physiques importantes, mais également très marquant par son caractère atypique. Certaines de ses œuvres, recensées à la bibliothèque municipale de Lyon, permettent de mieux appréhender la diversité des lieux et leurs formes souvent méconnues.
Volet technique : stabilité et gestion des galeries
Gérer les souterrains de Lyon implique plusieurs enjeux, à commencer par la question de leur solidité. En 1930, un drame a eu lieu sous la colline de Fourvière, causant la perte de 39 vies à la suite de l’effondrement d’un terrain urbain[3]. Cet événement a débouché sur la mise en place du service des Balmes, entité dédiée à l’observation du sous-sol lyonnais et à la prévention des risques pour les constructions en surface.
Articulées autour d’experts techniques, les actions menées permettent une surveillance constante, ainsi que des cartographies et interventions lorsque cela est nécessaire. Leur objectif reste de maintenir une stabilité durable tout en favorisant l’analyse de ces réseaux. Restaurer ces souterrains relève à la fois du défi technique et patrimonial : rendre possibles des travaux sans dénaturer les éléments d’origine reste une priorité, surtout dans des espaces vulnérables aux infiltrations d’eau ou à l’érosion des matériaux de structure.
Les décisions prises dans ce domaine forment actuellement une part importante des efforts en matière de mémoire urbaine portés par la Ville de Lyon. Celle-ci travaille en coordination avec la région Auvergne Rhône-Alpes afin d’améliorer l’approche collective autour de ces lieux souvent restés dans l’ombre.
Dimension artistique et architecturale
Les structures souterraines lyonnaises sont loin de ne représenter que des cavités fonctionnelles : elles comportent parfois des caractéristiques architecturales. Les formes des voûtes, en ogive ou en berceau dans certains cas, reflètent une volonté de structuration bien pensée. Des gravures, parfois symboliques, apparaissent sur les murs, laissant place à des interprétations au croisement du rite, de la fonction technique ou de la décoration.
Des découvertes récentes ont mis en avant la présence d’éléments comme des arcs soigneusement taillés et des marges murales à motif. Ces détails, peu visibles sans exploration méthodique, révèlent que même cet environnement caché a pu être façonné avec une certaine attention. Les lieux deviennent dès lors une rencontre d’épisodes historiques et de gestes bâtisseurs.
Préserver ces éléments reste une tâche délicate : elle repose sur le choix minutieux de travaux permettant leur mise en valeur sans détérioration. Plusieurs chercheurs, en partenariat avec les architectes du patrimoine, inventorient ces décors. Leur travail s’inscrit dans l’enjeu plus global de documentation et de médiation sur ce patrimoine visible seulement à travers des initiatives organisées comme certaines expositions de la bibliothèque municipale de Lyon.
La plupart des réseaux, tels que les Arêtes de Poisson et ceux situés sous Fourvière, ne peuvent pas être visités librement, principalement pour des arguments liés à leur état ou au risque. Mais l’Usine des Eaux à Caluire permet des visites sur créneau réservé visiter l’usine des eaux.
Certaines galeries datent de l’Antiquité (comme les Arêtes de Poisson), mais elles ont connu des modifications au fil des siècles, suivant différents besoins : acheminement de l’eau, espace de stockage, mise en sécurité temporaire.
Les conditions dans ces réseaux présentent des dangers : risques d’effondrements, de chutes, d’orientation perdue, possibilité d’inondation. Leur accès sans accord officiel et sans protection adaptée reste illégal.
Ces galeries ont pu être pensées pour acheminer l’eau, stocker des denrées, et dans certaines hypothèses, pour répondre à des besoins militaires. Les recherches en cours cherchent à confirmer ou à préciser ces suppositions.
Les institutions locales s’appuient sur des entités comme le service archéologique ou le service des Balmes afin d’organiser la surveillance, les projets de restauration et la documentation de ces réseaux. Cela participe à leur maintien et à une connaissance progressive du sujet.
L’univers souterrain de Lyon s’impose comme un champ d’étude aux multiples facettes, entre traces historiques, éléments d’ampleur technique, interventions artistiques et enjeux de préservation. Du site complexe des Arêtes de Poisson aux structures exploitables comme l’usine de Caluire, la ville révèle sous ses fondations des fragments de son évolution que chercheurs, experts ou explorateurs continuent de décrypter. Conjuguer sécurité, conservation et accessibilité maîtrisée reste un défi constant pour donner à ces lieux une lecture cohérente avec les besoins patrimoniaux du temps présent.
Sources de l’article
- https://www.cetu.developpement-durable.gouv.fr/la-ville-de-lyon-au-coeur-des-reflexions-sur-l-a1231.html
- https://journeesdupatrimoine.culture.gouv.fr/w/369139/evenement/18633231/souterrains-de-fourviere-un-patrimoine-bati-sous-nos-pieds-#/events/18633231
- https://journeesdupatrimoine.culture.gouv.fr/w/369139/evenement/18648841/visites-des-souterrains-du-fort-de-vaise#/events/18648841